Pourquoi faire de la photo argentique ? La photographie argentique est une forme d’art qui connaît une popularité croissante ces dernières années. Bien que la photographie numérique soit devenue la norme, la photographie argentique offre des avantages uniques qui la rendent toujours pertinente aujourd’hui. On voit même le numérique essayer de simuler l’argentique, chez Fujifilm par exemple.
Les prix sur le marché d’occasion (Ebay, Leboncoin et autres) sont par contre clairement abusés. On trouve des appareils de plus de 50 ans, dans des états déplorables (mousses de boitier Canon à changer, déclencheur HS, pile coulée à l’intérieur, objectifs truffés de champignons et opaques, etc.). J’ai vu certains modèles clairement non fonctionnels à 150€… et des gens pour les acheter !
Mais cela prouve une chose : la mode de la photo argentique revient ! Et pourquoi ne pas vous y mettre aussi ?
De la photo en mode pépère
La photographie argentique offre une qualité d’image unique qui ne peut être reproduite par la photographie numérique. Les photographies argentiques ont une texture et une profondeur qui leur donnent une qualité intemporelle. Les couleurs sont plus riches et plus vibrantes, et les noirs et blancs ont une gamme de tons plus large. Le grain, si caractéristique des pellicules argentiques, a du mal a être reproduit sur les photos numériques… qui sont bien souvent teintées de bruit « numérique », qui, lui, n’a rien de joli…
Mon Fujifilm X100V me plaît beaucoup pour ce côté artistique, détaché de l’écran et des retouches, avec ses simulations de pellicules (voir mon article sur les recettes de pellicules pour X100V) si réussies et ses JPEG SOOC (Straight Out Of Camera), sans retouche ou artifice.
Et cela m’a donné envie de shooter à nouveau en « vrai » argentique.
J’aime également le côté tactile que revêtent les pellicules photo argentiques. Le chargement de la pellicule, le rembobinage en fin de pellicule et l’avancement à la photo suivante, à la main, rendent la prise de vue plus tangible et plus réelle que les photographies numériques. On capture vraiment le moment présent, et pas 5 secondes à coup de rafales en Hi+ (15images/s) comme sur mon Sony A73. Un autre concept.
La photographie argentique offre une expérience (beaucoup !) plus lente et plus réfléchie que la photographie numérique. J’adore prendre leur temps pour composer mon image, régler l’appareil photo et même choisir et acheter mes pellicules.
L’attente du développement de la pellicule pour voir le résultat final fait pleinement partie de l’expérience argentique. On a des bonnes et mauvaises surprises.
Une plus grande acuité et un sens artistique exacerbés
Je trouve que la photographie argentique offre également une plus grande liberté artistique. On expérimente avec différents types de pellicules, d’objectifs et de techniques de développement pour créer des images uniques et personnalisées.
Pour ma part, je prends des notes sur un carnet avec ce que je pense que la photo donnera ou ce que j’aurais pu améliorer, une fois que j’ai appuyé sur le déclencheur.
Les plus teigneux d’entre nous ont la possibilité d’utiliser des techniques de développement pour créer des effets spéciaux tels que des images floues, des images surexposées ou sous-exposées, et des images avec des couleurs altérées.
Le numérique m’a fait faire un bond technique (j’ai très vite compris les différentes « variables » utilisées en photo mais je ne progressais pas artistiquement parlant.
Il est toutefois bénéfique de se familiariser avec le numérique aux notions telles que l’exposition, la vitesse d’obturation, la profondeur de champ et l’ouverture du diaphragme, la sensibilité ISO. Ces concepts peuvent en effet être compris et visualisés directement et immédiatement sur écran, sans frais supplémentaire !
Je progresse par contre beaucoup plus vite dans mon art de composer et jouer avec la lumière avec l’argentique. Je suis beaucoup plus conscient de mon environnement avec l’argentique, surtout depuis que j’utilise des pellicules Noir & Blanc.
On analyse la lumière, les ombres, les couleurs de vêtements et contrastes, la composition et les émotions des personnes.
Bien choisir son appareil argentique
La photographie argentique peut être moins coûteuse que la photographie numérique à long terme. Les coûts initiaux d’un appareil photo argentique sont moindres que ceux d’un appareil photo numérique correct.
Mais depuis 2020, les prix ont flambé. Un appareil que l’on trouvait à 30 ou 40€ en 2019 se vend 150€ en 2023 !
Les plus connus (et recherchés) sont :
- Canon AE-1 : Conseillé pour les débutants en photographie argentique. Il est facile à utiliser et offre une grande qualité d’image. Il est également assez abordable sur le marché de l’occasion. Je recommande plutôt son cousin le AV-1 qui propose une priorité à l’ouverture. Vous maîtrisez le côté artistique (arrière-plan flou ou non), le boitier choisit la vitesse d’obturation pour exposer correctement. Simple mais sans perdre le côté créatif. Et il est moins cher et moins recherché que le AE-1. Le A-1 est un modèle plus avancé (qui se vendait 8 fois le prix du AE-1 à l’époque) et rassemble tous les modes possibles. Si vous en trouvez un en bon état à prix correct, foncez !
- Nikon FM2 : Le même boitier ou presque que les Canon AE-1 et consorts, mais chez Nikon. Une valeur sûre également.
- Pentax K1000 : Appareil emblématique à l’époque, prisé des étudiants en photographie. Il est très facile à utiliser et offre une grande qualité d’image. On le trouve un peu moins cher que les 2 premiers sur le marché d’occasion, mais il y en a moins.
- Leica M6 : Si vous cherchez un appareil photo haut de gamme, le Leica M6 peut vous convenir. S’il offre une qualité d’image exceptionnelle et une construction de qualité supérieure, il est par contre hors de prix sur le marché de l’occasion, comme tous les appareils de la marque. Je déconseille pour cela, le rapport qualité-prix est clairement défavorable.
Ne vous faites pas avoir lors de l’achat d’un appareil argentique d’occasion !
Ne mettez pas plus de 150€ dans un appareil argentique et vérifiez son état, avec une pellicule sacrifiée pour l’occasion (j’en emporte une avec moi pour les brocantes) :
- L’état général de l’appareil : Inspectez attentivement l’appareil pour détecter les signes d’usure, de rayures, de bosses ou de corrosion.
- Vérifiez également l’état des joints d’étanchéité et des mousses, car ils peuvent se détériorer avec le temps et affecter la qualité des images. Contrôlez l’aspect et la présence de la mousse qui amortit le miroir sur les reflex et celles qui participent à l’isolement à la lumière autour de la trappe du boitier. Elles peuvent se changer facilement (j’ai changé les mousses de mon AE-1) mais il faut veiller à ce qu’elles ne soient pas désagrégées partout dans le boitier. Si elles pendouillent ou sont désagrégées, fuyez.
- L’obturateur est un élément essentiel de l’appareil photo, car il contrôle la durée d’exposition de la pellicule à la lumière. Testez le mécanisme de l’obturateur en déclenchant l’appareil à différentes vitesses (toutes !) pour vous assurer qu’il fonctionne correctement et qu’il n’y a pas de retard ou de blocage. S’il couine (Skeeek, Squeeek, Couiccc, Squeeze), il faut huiler les mécanismes. Opération simple quand on sait faire mais qui rajoutera un surcout si vous le faites faire par un pro.
- La cellule de mesure de la lumière est responsable de la détermination de l’exposition correcte pour vos photos. Si l’appareil dispose d’une cellule intégrée, vérifiez sa précision en la comparant à une autre source fiable, comme un posemètre externe ou une application de mesure de la lumière sur votre smartphone.
- L’objectif est un élément clé pour obtenir des images de qualité. Inspectez l’objectif pour détecter les rayures, la moisissure, la poussière ou les traces de doigts. Assurez-vous également que la bague de mise au point et la bague de diaphragme fonctionnent correctement et sans à-coups.
- Le système de chargement et d’avancement de la pellicule doit fonctionner correctement pour éviter les problèmes tels que les doubles expositions ou les pellicules mal enroulées. Testez ce mécanisme en insérant une pellicule factice ou une pellicule sacrifiable pour vous assurer qu’il fonctionne sans problème.
Les pellicules : un coût plus important mais maitrisable
Il existe plusieurs types de pellicules photos disponibles sur le marché aujourd’hui :
- Pellicule noir et blanc : pour créer des images intemporelles et artistiques. Il y a une plus grande latitude d’exposition et une gamme de tons plus large que les pellicules couleur. Je vous conseille d’opter pour le noir et blanc pour débuter ou renouer avec l’argentique ! Il est envisageable de les développer à la maison.
- Pellicule couleur : Elles ont une latitude d’exposition plus limitée que les pellicules noir et blanc, ce qui signifie qu’il est plus difficile de récupérer des images surexposées ou sous-exposées.
- Pellicule inversible (diapo) : Prévue pour être projeté en diapositives. Encore plus dures à récupérer si mal exposées.
- Pellicule infrarouge : La pellicule infrarouge est une pellicule N&B qui est sensible à la lumière infrarouge. Chères, difficiles à trouver.
- Pellicule instantanée : plus chères, qualité d’image inférieure. Beaucoup de hype pour pas grand-chose. Et, au fait la marque Fujifilm fait des instantanés meilleurs et moins cher que les Polaroid. Ne vous y trompez pas !
Voici quelques-unes des pellicules les plus populaires :
- Ilford HP5 Plus 400 : pellicule polyvalente. Elle est idéale pour la plupart des conditions, offrant une excellente sensibilité à la lumière et une grande plage dynamique. Elle produit des images nettes avec des tons de gris subtils et une excellente gradation. La Ilford HP5 Plus 400 est une pellicule tolérante aux erreurs d’exposition, ce qui signifie qu’elle peut récupérer facilement les sous-expositions et les sur-expositions. Si vous êtes nouveau dans la photographie argentique, la Ilford HP5 Plus 400 est très bien pour commencer. Elle est facile à utiliser et produit des résultats de qualité.
- Ilford Delta 3200 : La Ilford Delta 3200 est une pellicule haute sensibilité qui offre une plage dynamique impressionnante et une excellente netteté. Elle est idéale pour les conditions de très faible luminosité ou pour les situations nécessitant une vitesse d’obturation élevée (sport, sujets mobiles). La Ilford Delta 3200 est une pellicule tolérante aux erreurs d’exposition, mais elle est plus délicate que la Ilford HP5 Plus 400. Je recommande de la sous-exposer légèrement pour obtenir de meilleurs résultats. Si vous cherchez à explorer la photographie de nuit ou si vous avez besoin d’une pellicule pour des situations de faible luminosité, la Ilford Delta 3200 est pour vous !
- Kodak Tri-X 400 : La Kodak Tri-X 400 est une pellicule classique et populaire qui offre un contraste élevé et des tons riches. Elle produit des images intenses avec une excellente netteté. La Kodak Tri-X 400 est une pellicule tolérante aux erreurs d’exposition. Elle a un contraste beaucoup plus fort que la Ilford HP5 Plus 400, elle est également plus chère. Si vous cherchez une pellicule qui offre un contraste élevé et des tons riches, testez la Kodak Tri-X 400.
Je teste en ce moment pas mal de marques et modèles différents de pellicules en 135, noir et blanc principalement. Je vous ferai un retour dans quelques mois, une fois tout cela développé.