Blackwater : Alabama, 1919
Nous sommes en Alabama, en 1919, dans la ville de Perdido. Nous attaquons le récit avec tout juste 2 protagonistes, Oscar et son domestique.
Lors d’une crue terrible des rivières Perdido et Blackwater, ils rencontrent une jeune femme aux cheveux couleur boue, qui aurait survécu pendant plusieurs jours, dans un hôtel inondé.
Cette étrangère, Elinor, va peu à peu faire sa place dans la famille Caskey, richissime famille qui fait tourner une scierie rentable dans la région. Cette figure énigmatique et un peu étrange, personnage central de la série, ne manquera pas de nous étonner.
Une saga matriarcale en 6 tomes
Cette série en 6 tomes est d’une simplicité et fluidité d’écriture étonnantes. La traduction française est magistrale (pas comme les Stephen King horriblement traduits par exemple), on est happé dans le livre et on ne le lâche que de brefs instants, entre chaque tome !
Michael McDowell a publié en 1983 la saga Blackwater en six volumes, à raison d’un par mois de janvier à juin. Le livre de 1200 pages a été écrit en 6 mois (!!!) et le format a remporté un vif succès, au point d’influencer des années après des maîtres de la littérature comme Stephen King.
En 2018, Dominique Bordes, fondateur des éditions Monsieur Toussaint Louverture, décide de traduire et publier Blackwater en six volumes également. Il paraissent en 2022 d’avril à juin, tous les 15 jours !
Une peinture de société
Les deux femmes avaient des styles différents. Au contraire des actions bravaches de Mary-Love, Elinor agissait de façon plus insidieuse. Elle prenait son temps. Ses frappes étaient rapides, nettes et toujours inattendues. Mary-Love savait cela, si bien que les années passant, elle était devenue nerveuse, comme dans l’attente d’un coup fatal.
Blackwater – Tome 3 – La Maison
Cette magnifique peinture de société s’étend sur plusieurs générations. Si bien que l’arbre généalogique, au début simple, se densifie sacrément au fil des tomes ! On n’est cependant jamais perdu tant les personnages sont travaillés et leurs interactions dépeintes avec précision. La relation mère/fille, très largement abordée dans les 6 tomes, est traitée intelligemment par McDowell. On a du mal à imaginer que ce roman ait été écrit il y a 40 ans !
On est d’ailleurs beaucoup plus proche d’un roman classique que d’une œuvre horrifique ou d’un « thriller ». Mis à part quelques rares passages un peu violents (quelques lignes au plus), tout est posé, fluide.
Une dimension fantastique et horrifique au second plan
Je m’attendais à un roman à la Stephen King, on en est loin ! Sans spoiler, j’ai trouvé que l’ambivalence des deux femmes et leur lien avec l’élément aquatique était trop peu expliquée.
Je conseille de lire cette série à partir de 14 ou 15 ans, il n’y a rien de vraiment horrifique dans ce livre. Le ton est cependant sombre, avec des références gothiques et une omniprésence de la mort.