Les jeux du style shoot’em up sont une véritable entité. Un monolithe vidéoludique hérité du temps des salles d’arcade. Parmi eux résident des jeux directement influencés par Space Invaders : les shoot’em up à bord d’un vaisseau à défilement vertical. Ce genre de jeu étant assez facile à développer ce n’est pas une surprise si l’AppStore nous en propose quelques uns. Aujourd’hui je voudrais vous faire découvrir Denizen [AppStore, 1.59€] car il m’a enchanté, vraiment enchanté.
Rien de futile dans l’application, tout est à sa place, organisé, rangé et pourtant tellement en désordre. Lorsque le niveau se lance, on a la sensation d’entrer dans un monde qui nous est étranger, mais où tout vous est familier. Comme lors de la sortie de Matrix, c’est novateur mais quelque part on y a toujours cru.
Le héros nous ramène en enfance avec son allure de Goldorak, on ne sait rien de lui, on le voit très peu et pourtant il est là, présent, comme une force qui nous entraîne dans un tourbillon. La maniabilité du titre est extrêmement bien réussie, j’ai eu un temps d’adaptation avec le ‘joystick’ mais quand on a compris comment se déplacer ça plane. Et quel vol ! On arpente des niveaux sortis tout droit de l’imagination dérangée d’un fils spirituel de Pacman et Megaman le tout avec un monde binaire omniprésent. Les mouvements sont limités mais on s’en rend à peine compte, lorsque vous avancez tout autour semble ralentir, pour vous laissez apprécier votre voyage…
Et ce sentiment est accentué par la présence limitée d’ennemis, il n’y en aurait pas eu que le jeu ne perdrait rien de sa magie. Lorsque deux ennemis arrivent c’est déjà beaucoup, au maximum quatre mais qu’importe, vous ne risquez rien…ou si peu. Un slide à l’écran sur les ennemis pour les cibler, un ou plusieurs, puis on relâche pour tirer. C’est à se demander s’ils n’ont pas été rajouté à la fin, pour convaincre de suspicieux acheteurs qu’il y a un intérêt.
Le titre en est rendu encore plus beau car vous voyez à peine les tirs que vous faites, les ennemis disparaissent, c’est tout. Les étoiles jaunes, si belles et attirantes sont en réalité les missiles ennemis… La poésie est là, toujours, la musique douce et rythmée termine le voyage vers cet univers à part.
Chaque niveau propose une phrase plus ou moins descriptive d’un scénario que l’on aurait voulu ajouter par peur du manque. Et si certaines sont de trop, d’autres font des miracles d’énigmes à ne pas résoudre.
Les boss de fin sont harmonieux. Tranquilles géants que vous venez déranger dans leur existence si paisible. J’en ai presque un regret d’avoir à les éliminer, des remords. Car au bout du compte, je ne suis rien d’autre qu’une machine volante tentant de récupérer quelques maigres cristaux dans des décors paradisiaques. Si le paradis du g33k existe, alors nul doute qu’il y ressemblerait, du moins à certains niveaux. Je rêverais de plonger dans l’iPhone pour planer à mon tour.
Concernant la durée de vie 15 niveaux sont disponibles mais à chaque fois que l’on recommence on découvre un nouvel aspect. A vous de voir jusqu’où vous pouvez aller pour trouver la Vérité.
Pour conclure : Denizen est un hybride merveilleux, une rencontre entre un shoot’em up, de la poésie avec une fine touche de lapin blanc. Si vous cherchez un monde étrange où tout est possible alors n’hésitez pas. Ici pas besoin de violence, de haine, d’envie de meurtre ; n’apportez que votre désir de rencontre et de recherche de l’imaginaire.
Mais Denizen est comme un enchantement lancé par un jeune mage, encore immature et imparfait ; il manque ce « quelque chose » d’envoûteur pour en faire un titre incontournable… Il n’en est pourtant pas loin.
Coupez le son pour regarder cette vidéo, il gâche le spectacle. Denizen se vit en soi et mes visuels, comme cette vidéo, ne reflète rien de ce qu’il renferme. Ce qui m’amène à une question : les développeurs ont-ils voulu cette poésie ou ont-ils simplement voulu se faire de l’argent ? Comme Rimbaud écrivait pour lui, je veux croire en la première hypothèse.
httpv://www.youtube.com/watch?v=O4MuvlZRG0g
Test écrit par @Syphiss pour le site www.applicationiphone.com et publié avec son autorisation.