[Critique BD] Blake et Mortimer : La malédiction des trente deniers (Tome 2/2)

Blake_et_mortimer_malediction_trente_deniers_tome_2Edgar-Pierre Jacobs nous a fait rêver de 1946 à 1987 avec des aventures de Blake et Mortimer toutes plus passionnantes les unes que les autres. Que de frissons en lisant La marque jaune par exemple… Le premier volet de La malédiction des trente deniers était sympa mais un peu lourd au niveau du déroulement (voir critique de Blake et Mortimer : La malédiction des trente deniers tome 1).

Van Hamme tombe encore une fois dans la classique exploration spéléo-archéologique pour retrouver les 30 deniers enfouis dans le tombeau de Judas. Mais cela ne me gêne pas en soi, ce tome 2 est d'ailleurs bien meilleur que le 1 au niveau rebondissements, quelques coups de feu sont tirés (enfin?) et on accroche au scénario. Pas très original, mais efficace.

Là où cet album pêche, c'est par le trait. On a l'impression de lire un Tintin lors des scènes qui remuent un peu et c'est un type de dessin qui colle très mal aux décors et à l'ambiance de Blake et Mortimer.  Des décors qui justement ne vivent pas, complètement formatés et vides. Non décidément, faire du Jacobs n'est pas donné à tout le monde, et apparemment pas à Sterne et De Spiegeleer.

Les codes savamment mis en place par feu Edgar P. Jacobs sont mis à mal dans ces nouveaux albums de Blake et Mortimer. Monsieur Jacobs était méticuleux dans son trait, prenait son temps pour sortir un album. Là depuis quelques années, on assiste à une série globalement bâclée et mue par le seul aspect marketing, offrant un album de piètre qualité, mais tous les ans ou presque.

Bien dommage…

Note : 13/20

2 commentaires

  1. Mode drogue ON.

    Je ne suis pas d’accord sur plusieurs points. Tout d’abord Edgar P. Jacobs pouvait se permettre de mettre plusieurs années pour sortir ses albums, les auteurs actuels ne le peuvent pas et ce n’est pas pour autant que le travail est bâclé, même si depuis quelques années certaines séries partent dans cette optique (je pense à celle de Lanfeust notamment). Néanmoins il ne s’agit pas pour les auteurs d’un bâclage de scénario mais juste d’une mauvaise mise en pratique de ce qu’ils voulaient faire (Lanfeust des Etoiles est une bonne idée…mais qui se perd dans les limbes au final).
    Là où Blake et Mortimer se distingue, c’est que les auteurs ne le font pas pour l’aspect marketing mais plus pour l’instinct de conservation du patrimoine mythique qu’est Blake et Mortimer. Rappelons qu’un B&M c’est un livre qui se savoure lentement, et sur lequel on reviendrait après quelques années. Depuis la fin des « originaux » on ne retrouve plus cette envie de relire un B&M, pourtant les lire procure toujours un certain plaisir, Blake et Mortimer faisant partie de ces irréductibles n’ayant pas accepté les codes modernes.

    Dernier point sur Van Hamme et son principal défaut à faire des B&M : il n’est pas britannique. C’est aussi pour cela que les nouveaux épisodes n’ont plus cette délicieuse saveur purement britannique avec un soupçon d’écossais. Edgar P. Jacobs, bien que belge lui aussi, était sans doute le seul à avoir réussi à capter l’essence britannique, le seul avec cette constante habilité à jouer de la culture britannique et de son peuple. Personne d’autre ne saura redonner cette saveur, mais leurs espoirs sont louables et je les apprécie, beaucoup. Et puis, au moindre « by jove! » et autre « the devil » j’ai un sourire.

    En ce qui concerne ce second tome, je l’ai trouvé bien. Pas extraordinaire mais bien, et j’ai pu le savourer. Les traits des personnages ne m’ont pas choqué plus avant, le trait de Jacobs est repris (certes grossièrement) mais il ne gêne pas à la lecture qui reste avant tout concentrée sur les dialogues. Et à ce niveau on est servi avec rebondissements et autres surprises agréables. Le défaut que je reproche c’est d’avoir donné un aspect trop religieux et mystique qui ne devrait pas être, du moins pas aussi avancé. De mémoire, il n’y a pas dans les histoires écrites par Jacobs, de dimension mystique si ce n’est à la fin du Mystère de la Grande Pyramide (j’ai un doute pour L’Enigme de L’Atlantide) ; or depuis L’Etrange Rendez-Vous les auteurs ont voulu insérer le mystique, l’irrationnel et l’alien dans un univers codé par la science et l’espionnage.

    Après, tout est histoire de goût. Ce qui ne retire en rien que ces nouveaux Blake et Mortimer, bien que peu assez expliqué et pas aussi convaincants que ceux de Jacobs, sont très plaisants à lire.

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